Un parfum marocain dans lâair nĂ©erlandais : vers une rĂ©volution lĂ©galisĂ©e du hash
đ Les rues paisibles des Pays-Bas sont en train de devenir le théùtre dâune possible grande premiĂšre : lâimportation lĂ©gale de haschich marocain âš Tout le monde connaĂźt dĂ©jĂ la fameuse rĂ©putation du hash de Ketama, dorĂ©, caramĂ©lisĂ©, presque mythique. đ„ Pourtant, ce produit qui fait tourner les tĂȘtes depuis des gĂ©nĂ©rations est totalement absent du programme pilote nĂ©erlandais sur le cannabis, un test grandeur nature lancĂ© pour rĂ©guler correctement toute la chaĂźne dâapprovisionnement đ± Depuis le temps quâon parle dâexpĂ©rimentation contrĂŽlĂ©e, une question fait de plus en plus de bruit : Ă quoi bon lĂ©galiser le cannabis si tu ne proposes pas ce que les gens consomment vraiment ? đŁ Ce dĂ©bat, longtemps restĂ© dans lâombre, vient de connaĂźtre un tournant inattendu avec une nouvelle proposition envoyĂ©e aux maires des onze communes qui participent Ă cette fameuse expĂ©rience nĂ©erlandaise đ LâidĂ©e ? Permettre rien de moins que lâimportation officielle de hasch en provenance directe du Maroc đČđŠ Oui, tu as bien lu : du hash marocain dans les coffeeshops, sans regards fuyants ni dangers autour. đŻ Pourquoi cette proposition arrive-t-elle maintenant ? Tout simplement parce que la montagne accouche dâune souris đ Le projet pilote, censĂ© rĂ©volutionner la filiĂšre, galĂšre Ă sĂ©duire les consommateurs qui, attachĂ©s Ă leurs habitudes, boudent lâherbe fournie par les producteurs agréés đ§Ș Elle est trop diffĂ©rente, trop propre peut-ĂȘtre, pas assez authentique aux yeux des habituĂ©s. đ Or, ce qui fait mouche depuis des dĂ©cennies dans les vitrines des coffeeshops, câest le hash đŻ Plus prĂ©cisĂ©ment, le hash marocain, que les consommateurs rĂ©clament massivement et qui, pour lâinstant, ne peut pas ĂȘtre cultivĂ© localement ni lĂ©galement proposĂ© par les fournisseurs agréés đ ââïž Le rĂ©sultat ? Un systĂšme parallĂšle qui continue de prospĂ©rer. đš Lâhypocrisie risque donc de faire Ă©chouer le programme avant mĂȘme quâil ne batte son plein âïž Comment juger de lâimpact dâune chaĂźne rĂ©glementĂ©e si une bonne partie de la demande reste hors circuit ? Les municipalitĂ©s veulent des rĂ©ponses et certains Ă©lus tapent du poing sur la table pour intĂ©grer le hash marocain dans la boucle lĂ©gale. đ§ Mais importer un produit Ă©tranger dans un projet national contrĂŽlĂ©, ce nâest pas une dĂ©cision prise Ă la lĂ©gĂšre đȘđș De nombreux verrous restent Ă faire sauter : la lĂ©gislation europĂ©enne sur les stupĂ©fiants ne rend pas Ă©vident ce type dâaccord, et le Maroc, bien que producteur historique, traite encore timidement la question de la lĂ©galisation. đ Cela dit, les choses bougent des deux cĂŽtĂ©s de la MĂ©diterranĂ©e đ Depuis 2021, le royaume chĂ©rifien a progressivement dĂ©marrĂ© la rĂ©gulation du cannabis mĂ©dical et industriel, avec un encadrement strict mais plein de promesses pour les cultivateurs du Rif đïž LĂ©galiser lâexport vers les Pays-Bas pourrait devenir pour le Maroc une opportunitĂ© Ă©conomique considĂ©rable, mais aussi une double victoire symbolique pour ces agriculteurs longtemps marginalisĂ©s. âš Et imagine, demain, un consommateur entrant dans un coffeeshop dâAmsterdam, choisissant entre une OG Kush locale et un Ketama Gold importĂ© lĂ©galement, avec traçabilitĂ©, contrĂŽle qualitĂ©, et un impact Ă©quitable sur le petit producteur marocain đ Cette vision semble presque trop belle pour ĂȘtre vraie, mais elle nâest peut-ĂȘtre plus si loin. đ Dans cette effervescence, la question morale revient en force : est-ce que lĂ©galiser partiellement pour exclure lâexistant, câest vraiment lĂ©galiser ? đ Certains acteurs de la filiĂšre Ă©voquent une nĂ©cessitĂ© de cohĂ©rence si le but vĂ©ritable est de reprendre la main sur lâensemble du marchĂ©, pour retirer les bĂ©nĂ©fices des mains de groupes criminels au profit des collectivitĂ©s, producteurs et consommateurs responsables. đ CĂŽtĂ© sondages, les consommateurs soutiennent lâidĂ©e : selon plusieurs enquĂȘtes, une large majoritĂ© prĂ©fĂšre du hash connu et reconnu Ă du cannabis dĂ©veloppĂ© en laboratoire đŹ Ce nâest pas une opposition de principe, mais plutĂŽt un rejet dâun produit marketĂ© qui ne parle pas Ă leur culture cannabique. đ ïž Dâailleurs, nâoublions pas que le hash nâest pas juste une question de goĂ»t ou dâeffet. Il est issu dâun savoir-faire. Celui des tamis, du battage Ă sec ou Ă la main, de lâaffinage au soleil ou dans les caves fraĂźches â°ïž Tout un art, parfois familial, avec des secrets qui se transmettent de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, et que la Dutch weed industry ne peut pas reproduire. đ Alors, intĂ©grer le hash marocain dans le projet nĂ©erlandais, ce nâest pas seulement une autorisation dâimport-dessous-la-table. Câest peut-ĂȘtre un acte fort, une reconnaissance dâun hĂ©ritage global du cannabis đïž Et si ce mouvement prenait ? Si dâautres pays engagĂ©s vers la rĂ©gulation lĂ©gale suivaient le modĂšle ? Cela pourrait redessiner en profondeur les cartes du marchĂ© global â loin de la prohibition, mais aussi loin du tout-business. đ Lâhistoire retiendra peut-ĂȘtre ce moment oĂč la tulipe hollandaise et le cĂšdre marocain se sont rencontrĂ©s pour crĂ©er un modĂšle plus juste, plus efficace, plus respectueux des rĂ©alitĂ©s de consommation đ Il reste des montagnes administratives Ă franchir, bien sĂ»r, mais les premiĂšres briques sont lĂ . Il ne manque plus que la volontĂ© politique et, peut-ĂȘtre, un bon vent venu du sud. đ§© En attendant, les consommateurs continuent dâacheter leur hash de maniĂšre informelle, les autoritĂ©s ferment les yeux Ă dĂ©faut de mieux, et les projets lĂ©gaux passent Ă cĂŽtĂ© de leur public cible comme deux trains sur des voies parallĂšles đ Il est donc urgent de rĂ©concilier lâexpĂ©rience rĂ©glementĂ©e et la rĂ©alitĂ© du marchĂ©. Et quoi de mieux, pour cela, que de commencer par remettre le Maroc au centre de la carte ? đ§š Ă suivre dans les mois qui viennent : si les maires persistent et signent, si les autoritĂ©s marocaines ouvrent la porte, si Bruxelles ferme les yeux ou propose une exception rĂ©glementaire, alors un tournant historique pourrait bien arriver plus vite que prĂ©vu âł En attendant, les dĂ©bats sâenflamment, les lobbys sâactivent, et les amoureux du hash croisent les doigts.Tu veux continuer ta lecture ? DĂ©couvre d’autres articles sur en cliquant ici.





