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đ± Le vent du changement souffle sur lâAmĂ©rique latine, et cette fois-ci, câest le Chili qui allume la mĂšche dâun dĂ©bat brĂ»lant : la lĂ©galisation du cannabis Ă usage rĂ©crĂ©atif pour les adultes. đšđ±
đ„ Alors que des pays comme le Mexique et la Colombie avancent progressivement sur la voie de la rĂ©gulation de la plante, le Chili vient tout juste de secouer son paysage politique en prĂ©sentant un projet de loi qui pourrait bien transformer la relation du pays avec le cannabis. đż Ce projet, portĂ© par une coalition de lĂ©gislateurs progressistes et activement soutenu par la sociĂ©tĂ© civile, a Ă©tĂ© officiellement prĂ©sentĂ© le 9 avril sous un nom Ă©vocateur : « RegulaciĂłn por la Paz ». đŹ Un nom qui claque et qui promet un tournant historique, tant dans la politique publique que dans la perception collective dâune plante longtemps diabolisĂ©e.
đĄ Ce texte arrive Ă un moment stratĂ©gique, dans un pays oĂč les mentalitĂ©s Ă©voluent Ă grande vitesse mais oĂč la lĂ©gislation restait figĂ©e dans des schĂ©mas hĂ©ritĂ©s dâune Ăšre rĂ©volue. đ Lâinitiative a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e par des membres du Frente Amplio, du Parti communiste, du PPD, dâAcciĂłn Humanista et du Parti socialiste. â Autant dire que la gauche chilienne se rassemble autour dâun objectif commun : sortir le cannabis des marges de la sociĂ©tĂ© pour lâintĂ©grer dans un modĂšle de rĂ©gulation responsable, sĂ©curitaire, et surtout, plus humain.
đ Le projet de loi ne vise pas Ă encourager la consommation sans encadrement, bien au contraire. đŻ Il s’agit d’Ă©tablir une lĂ©gislation claire qui mette fin au flou juridique actuel, protĂšge les consommateurs adultes et assure un contrĂŽle sanitaire et social des usages. đŹ En clair, le texte propose la lĂ©galisation de la consommation, de la culture personnelle et de la distribution de cannabis rĂ©crĂ©atif pour les adultes, tout en interdisant formellement lâaccĂšs aux mineurs et en encadrant strictement les modalitĂ©s de production.
đïž Pour les auteurs du texte, il est urgent de mettre fin Ă la stigmatisation des usagers et de repenser complĂštement la politique actuelle, qui, selon eux, Ă©choue aussi bien sur le plan sanitaire que sĂ©curitaire. đ La prohibition nâa pas empĂȘchĂ© la consommation ; elle lâa simplement relĂ©guĂ©e Ă des rĂ©seaux souterrains, souvent liĂ©s Ă la criminalitĂ©. âïž RĂ©guler, câest donc aussi priver ces rĂ©seaux dâun revenu consĂ©quent, et replacer lâĂtat au centre dâun dispositif de prĂ©vention et dâinformation.
đ Le Chili, pourtant considĂ©rĂ© comme un pionnier en matiĂšre de droits sociaux ces derniĂšres annĂ©es, avait jusquâĂ prĂ©sent un cadre lĂ©gal particuliĂšrement restrictif concernant le cannabis. đ°ïž PossĂ©der ou cultiver du cannabis pouvait facilement mener en prison, mĂȘme sans intention de trafic. đŹ Cette sĂ©vĂ©ritĂ©, hĂ©ritĂ©e dâun conservatisme institutionnel, est de plus en plus contestĂ©e, notamment par les plus jeunes gĂ©nĂ©rations et les professionnels de la santĂ© publique.
đ§ Et le dĂ©bat va au-delĂ de la simple question de la libertĂ© personnelle. đ§Ș Il touche aussi Ă des problĂ©matiques de santĂ©, dâĂ©ducation et dâĂ©conomie. đ Ce projet de loi propose par exemple un encadrement Ă©ducatif obligatoire dans les Ă©coles secondaires, financĂ© par les taxes prĂ©levĂ©es sur la vente lĂ©gale de cannabis. đž Une maniĂšre intelligente de boucler la boucle : lâargent gĂ©nĂ©rĂ© par la rĂ©gulation sert Ă Ă©duquer et prĂ©venir les risques liĂ©s Ă un usage non contrĂŽlĂ©.
đ L’initiative suscite Ă©videmment des rĂ©actions contrastĂ©es. đ Dâun cĂŽtĂ©, les opposants dĂ©noncent un prĂ©tendu laxisme, arguant des dangers pour la jeunesse et la « normalisation » de la drogue dans la sociĂ©tĂ©. đ« De lâautre, les dĂ©fenseurs du projet rappellent quâaucune politique de prohibition nâa jamais empĂȘchĂ© lâusage, et que seule la transparence permet une consommation plus sĂ»re. đ Un dĂ©bat proche de ceux quâont connus le Canada, lâUruguay ou certains Ătats des Ătats-Unis : entre valeurs morales, considĂ©ration sociale et logique de santĂ© publique.
đ Ce qui est certain, câest que la demande dâune rĂ©forme structurelle existe bel et bien. đą Des collectifs de patients, de consommateurs responsables, de juristes et de chercheurs participent activement Ă ce tournant lĂ©gislatif. đ Le pays semble mĂ»r pour repenser le cannabis comme un enjeu citoyen, loin des vieux rĂ©flexes de criminalisation aveugle.
đł LâidĂ©e dâouvrir la voie Ă lâautoculture est aussi centrale. đ„Š Elle ravit les partisans dâune autonomie individuelle dans le choix de leurs usages rĂ©crĂ©atifs. âïž En permettant Ă chacun de cultiver ses plantes dans une limite lĂ©gale, le projet diminue dâun coup la dĂ©pendance au marchĂ© noir, tout en favorisant un rapport plus direct et responsable au produit consommĂ©.
đ„ Si le projet est votĂ©, le Chili pourrait devenir lâun des pays moteurs en AmĂ©rique latine dans la construction dâune politique du cannabis basĂ©e sur la raison, et non sur la peur. đ§ Un modĂšle hybride entre libertĂ© individuelle, responsabilitĂ© collective, et rĂ©gulation dâĂtat. đ Et ce nâest pas seulement une affaire de lois : câest aussi, et surtout, un indicateur du niveau de maturitĂ© dĂ©mocratique dâun pays prĂȘt Ă dĂ©battre sans crispation.
đŻ Lâenjeu est dâautant plus stratĂ©gique que cette rĂ©gulation pourrait initier une toute nouvelle Ă©conomie verte et lĂ©gale. đŒ De la culture biologique certifiĂ©e Ă la distribution via des coopĂ©ratives citoyennes, les possibilitĂ©s sont nombreuses pour inventer un modĂšle basĂ© sur lâĂ©thique, la transparence et les bĂ©nĂ©fices partagĂ©s. đ Cela suppose, bien sĂ»r, un cadre rigoureux, mais aussi une ambition claire : cesser de considĂ©rer les consommateurs comme des dĂ©linquants, et les inviter Ă jouer un rĂŽle actif et encadrĂ© dans la sociĂ©tĂ©.
đą En rĂ©sumĂ©, le Chili ne lĂ©gifĂšre pas simplement sur une plante. âïž Il questionne en profondeur la notion de libertĂ©, de choix, de santĂ© et de participation citoyenne. đ En lançant le dĂ©bat au Parlement, les lĂ©gislateurs donnent la parole Ă un peuple de plus en plus conscient de la complexitĂ© du sujet, dĂ©sireux dâavancer sans tabou et sans fantasmes. đ§ Une chose est sĂ»re : ce projet, quâil rĂ©ussisse ou non Ă passer toutes les Ă©tapes lĂ©gislatives, marque dĂ©jĂ un tournant dĂ©cisif dans lâhistoire du droit chilien.
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