Un tĂ©moignage bouleversant qui relance le dĂ©bat đ„
Imagine-toi dans la peau dâun pĂšre prĂȘt Ă tout pour soulager les souffrances de son enfant. Câest exactement ce quâa fait Ariimatatini Vairaaroa, un habitant de PolynĂ©sie française, dont le fils de 14 ans souffre Ă la fois dâautisme et dâĂ©pilepsie. FrustrĂ© par lâinefficacitĂ© des traitements conventionnels et lâabsence dâalternatives locales lĂ©gales, il a dĂ©cidĂ© de cultiver du
cannabis Ă des fins strictement mĂ©dicinales, pour extraire une huile thĂ©rapeutique artisanale. Une dĂ©cision lourde de consĂ©quences, mais dictĂ©e par lâamour dâun pĂšre et le dĂ©sespoir de voir son enfant en crise đ
Un choix illĂ©gal mais motivĂ© par lâinstinct parental âïž
Ce qui rend cette affaire aussi Ă©mouvante que complexe, câest quâelle ne met pas en lumiĂšre un trafic de drogue, mais un acte dâhumanitĂ©. Ariimatatini nâest pas un dealer mais un soignant improvisĂ©, contraint de contourner la loi pour rĂ©pondre aux besoins mĂ©dicaux de son propre fils. LĂ©galement, son geste est considĂ©rĂ© comme un usage illĂ©gal de stupĂ©fiants â et qui plus est, en rĂ©cidive. Mais moralement, de nombreux citoyens et professionnels de santĂ© sâaccordent Ă dire quâil sâagit lĂ dâun acte dâamour et dâune tentative de soin quâaucune lĂ©gislation ne devrait criminaliser â€ïž
Une justice plus humaine que punitive đ§ââïž
Heureusement, la Cour dâappel de Papeete a su prendre en compte le contexte trĂšs particulier de cette affaire. Si le verdict a confirmĂ© la culpabilitĂ© dâAriimatatini pour culture de cannabis et usage rĂ©pĂ©titif, elle lâa Ă©galement dispensĂ© de toute peine. Une dĂ©cision rare mais symbolique, rendue le 15 mai 2025, qui envoie un message fort : derriĂšre les affaires de stupĂ©fiants, il existe parfois des rĂ©alitĂ©s familiales et mĂ©dicales que la justice ne peut ignorer đïž
Le cannabis mĂ©dical toujours hors dâaccĂšs en PolynĂ©sie đŽ
Le plus saisissant dans cette affaire reste quâen 2025, il demeure quasiment impossible pour les patients polynĂ©siens dâaccĂ©der lĂ©galement Ă du cannabis mĂ©dical. Alors mĂȘme que la France mĂ©tropolitaine expĂ©rimente depuis plusieurs annĂ©es des traitements Ă base de cannabis pour de nombreuses pathologies, dont lâĂ©pilepsie, la PolynĂ©sie nâa pas encore mis en place un cadre rĂ©glementĂ©. RĂ©sultat ? Les familles sont livrĂ©es Ă elles-mĂȘmes, parfois forcĂ©es dâenfreindre la loi, au pĂ©ril de leur sĂ©curitĂ© juridique đ
Une dĂ©cision qui pourrait changer la donne đ
Lâaffaire Vairaaroa pourrait bien devenir une affaire emblĂ©matique. En allĂ©geant la sentence dâun homme coupable de culture de cannabis, la justice polynĂ©sienne a reconnu implicitement le dilemme moral auquel il Ă©tait confrontĂ©. Les rĂ©actions ne se sont pas fait attendre : avocats, militants, mĂ©decins mais aussi familles concernĂ©es par des pathologies similaires appellent dĂ©sormais Ă une rĂ©forme, claire et humaine, pour lĂ©galiser lâusage thĂ©rapeutique du cannabis dans les territoires dâOutre-mer đ
Des tĂ©moignages de parents au bord du gouffre đŁïž
Beaucoup de parents polynĂ©siens se sont reconnus dans lâhistoire dâAriimatatini. Certains racontent comment ils regardent leur enfant subir des crises violentes, sans autre solution que des cocktails de mĂ©dicaments inefficaces voire nocifs. Dâautres avouent avoir pensĂ© Ă franchir le pas, eux aussi, pour concocter des traitements Ă base de cannabis sous le manteau. Le besoin est criant, et le silence des institutions de plus en plus insupportable đ
Le cannabis, un espoir pour lâĂ©pilepsie ? đŹ
De nombreuses Ă©tudes scientifiques internationales montrent que certaines formes dâĂ©pilepsie rĂ©fractaire rĂ©pondent positivement au cannabidiol (CBD), un composant non psychoactif du cannabis. Dans des dizaines de pays, ces traitements sont dĂ©jĂ autorisĂ©s. Les huiles extraites Ă base de cannabis peuvent parfois rĂ©duire la frĂ©quence des crises, amĂ©liorer la qualitĂ© de vie, et offrir de lâespoir lĂ oĂč la mĂ©decine standard Ă©choue. Alors, pourquoi refuser ce droit Ă des enfants polynĂ©siens souffrant des mĂȘmes troubles ? đ€·ââïž
Une responsabilitĂ© politique Ă ne plus fuir đš
L’heure nâest plus Ă lâignorance. Les Ă©lus polynĂ©siens doivent dĂ©sormais se pencher sĂ©rieusement sur le sujet du cannabis thĂ©rapeutique. Il ne sâagit pas ici de promouvoir un usage rĂ©crĂ©atif, mais bien de donner une chance Ă ceux pour qui cela peut faire la diffĂ©rence entre une vie dâangoisse et un quotidien plus serein. RĂ©guler le cannabis mĂ©dical permettrait aussi dâĂ©viter les dĂ©rives, en encadrant la qualitĂ© des produits, les recommandations mĂ©dicales et les doses administrĂ©es đŻ
Pour une rĂ©forme adaptĂ©e aux rĂ©alitĂ©s locales đș
Adopter le modĂšle français ou une lĂ©gislation europĂ©enne Ă lâidentique serait une erreur. La PolynĂ©sie possĂšde ses propres enjeux, sa culture, ses ressources locales et ses prioritĂ©s de santĂ© publique. La rĂ©forme doit donc ĂȘtre pensĂ©e localement, avec les acteurs de terrain : les familles, les mĂ©decins, les associations de patients et les autoritĂ©s sanitaires. Ensemble, ils peuvent bĂątir un systĂšme de santĂ© plus inclusif, respectueux, et au service du bien-ĂȘtre rĂ©el des personnes malades â
Un prĂ©cĂ©dent porteur dâespoir đ
La dispense de peine accordĂ©e Ă Ariimatatini Vairaaroa ne doit pas ĂȘtre une exception. Elle doit ĂȘtre le point de dĂ©part dâun mouvement plus large pour lâaccĂšs au cannabis mĂ©dical en PolynĂ©sie française. Tant que des enfants comme le sien continueront Ă souffrir inutilement, tant que des parents seront forcĂ©s de devenir dĂ©linquants pour les soulager, la sociĂ©tĂ© manquera Ă son devoir dâhumanitĂ©. Le courage de cet homme, soutenu par la bienveillance dâun tribunal, montre quâun autre avenir est possible. Ă chaque obstacle, il existe une solution â encore faut-il que la loi sache ouvrir les yeux đ§
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